Dossier de Froelicher/Ghaoui



THEMATIQUE RETENUE : "Comment l'artiste s'engage-t-il face à la guerre ?".
OEUVRES RETENUES : "Guernica" de Pablo Picasso.

"GUERNICA" Pablo Picasso, 1937

Guernica / Picasso / huile sur toile / 752x351cm / conservé au Musée de la Reina Sofia, Madrid / 1937

Biographie de l’artiste:
Picasso est un peintre cubiste, dessinateur et sculpteur espagnol. Un des plus reconnus dans l'histoire de l'art du XXème siècle.
Né en 1881 à Malaga, Pablo Ruiz Picasso commence très jeune à dessiner avec son père, professeur de dessin. Dès 1895, il étudie à l’école des beaux-Arts de Barcelone, puis à l’Académie Royale de Madrid.
Il s’installe à Paris en 1904. Il rencontre Apollinaire, Mathis et Braque avec lequel il invente un mouvement artistique majeur du XXème siècle : le cubisme.
En 1925, il participe à la première exposition surréaliste à Paris.
En 1936, il s’engage aux côtés des Républicains contre Franco.
Picasso est un peintre engagé. Pacifiste convaincu, Picasso a toujours pris parti contre les horreurs commises.
Pendant la deuxième guerre mondiale, il résidera à Paris malgré sa qualification « d’artiste dégénéré » par le régime Nazi.
Après la libération, il adhère au parti communiste et vit dans le sud de la France.
Il s’éteindra en 1973, près de Mougins (06), à l’âge de 91 ans.
La période bleue peut être considérée comme la première étape artistique de Picasso.


Le vieux juif 1903

Famille de bateleurs 1905

De 1901 à 1904, Picasso utilise des tons froids à dominante bleu dans sa peinture. Il représente des fonds dépouillés aves des personnages souffrant de la dureté de la vie. Après une phase de transition, il entre dans sa période rose (1905-1906), plus douce. On y retrouve beaucoup le monde du cirque.


Les demoiselles d’Avignon 1907

De 1906 à 1908, il se rapproche de Paul Cézanne et s’intéresse à l’art primitif ibérique et l’art Africain.
Ensuite, Picasso et Braque apparaissent comme les représentants du cubisme. Ce mouvement propose une nouvelle manière de peindre en décomposant les formes qui sont simplifiées et éclatées.

Par la suite, son œuvre témoignera de la montée des tensions et la guerre en Europe.

Contexte historique:
Pour comprendre cette œuvre, il faut la replacer dans son contexte historique. En 1936, l’Espagne est une République mais cette République connaît bien des difficultés et les chefs de l’armée espagnole y sont hostiles. Avec à leur tête les généraux Franco, Mola et Sanjurjo, ils se soulèvent et engagent une guerre civile qui opposera le camp « Nationaliste (la droite) » (les militaires, une partie du clergé, des politiques de droite… soutenus par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste) au camp « Républicain (la gauche) ». Le début du soulèvement a lieu le 18 juillet 1936. Les villes de Madrid et Barcelone seront des fronts de résistance républicains, ainsi que le Nord de l’Espagne, dont le Pays Basque. En 1937 le Général Mola, décide d’affaiblir le front Nord, en demandant l’aide de l’Allemagne nazie.
C’est ainsi que le 26 avril 1937 la Légion Condor bombarde Guernica. Pourquoi Guernica ? Car c’est une petite ville du Pays Basque, symbole des libertés du peuple Basque, et qui s’oppose aux Nationalistes. Elle sera bombardée un jour de marché, la Légion Condor s’attaquant délibérément à un objectif civil. Les premières bombes explosent vers 16h30. Les derniers avions quittent le ciel vers 19h00. Les cinquante appareils de la Légion Condor ont largué environ 50 tonnes de bombes incendiaires. Le bombardement de GUERNICA fait environ 1600 victimes essentiellement des femmes et des enfants.
Elaboration et histoire du tableau:
En janvier 1937, le gouvernement républicain alors au pouvoir avait commandé à Picasso une grande composition murale, en vue de participer à l’Exposition Universelle de Paris de juillet 1937. Il pensait ainsi attirer l’attention des gouvernements internationaux sur la situation en Espagne. Alors que cette commande lui est faite, Picasso n’est pas trop inspiré. Horrifié par le bombardement de Guernica, il se met immédiatement à la réalisation de son œuvre. Il achève le tableau en moins de deux mois. Après la victoire des nationalistes en 1939, le tableau est transféré à New-York. Picasso souhaite l’offrir au peuple espagnol « quand les libertés seront rétablies en Espagne ». Ce n’est qu’en 1981 que Guernica arrive en Espagne. Il est aujourd’hui exposé au Musée d’Art Contemporain Reina Sofia à Madrid.

Un tableau monumental:
Vingt-sept mètres carrés : Guernica est monumental (752 x 351 cm), dans tous les sens du terme. Tous les personnages sont d'une taille plus grande que nature. Son format, le choix des couleurs et le travail des formes impressionnent les spectateurs. Picasso cherche à provoquer des émotions et une réflexion sur l'horreur de la guerre en immergeant le spectateur dans son œuvre complexe et démesurée.

  a) Description de la toile:
Scène: Il s’agit d’une scène d’horreur, d’un carnage.

Couleur: Ce tableau est constitué de noir, blanc et gris. L’austérité et l’absence de couleur font echo à la gravité du sujet et accentuent l’horreur de la mort.Ces couleurs rappellent aussi la photographie, la presse ou encore les actualités de l’époque.

Les sources de lumière: La lumière est à la fois artificielle puisque l’on trouve un plafonnier et une lampe à pétrole et naturelle avec les ouvertures sur l’extérieur. Les contrastes mettent en évidence les personnages du premier plan par rapport au second plan ainsi que l’action et les expressions des personnages.

On remarque aussi que la partie gauche est plus sombre que celle de droite.

La toile est découpée en plans triangulaires

Cette composition pyramidale était classique dans les scènes historiques.
Le centre est occupé par une lampe en forme d’œil qui domine toute la scène. Au-dessous, on trouve la silhouette d’un cheval. Au sol, gît le corps écartelé d’un soldat : au bout du bras détaché du corps, la main tient encore une épée et une fleur.
A gauche, sous la tête menaçante d’un taureau, une femme crie désespérément en serrant dans ses bras le petit corps inerte d’un enfant.
A droite, une femme-fantôme semble faire irruption dans le tableau, brandissant une
Lampe à pétrole. Une autre femme, en bas à droite, se lance en avant dans un mouvement de panique.

Formes: C’est une œuvre figurative. On reconnaît des éléments réels.
Depuis sa période cubiste, Picasso multiplie les angles de vue et les concentre dans une seule image. On trouve la représentation simultanée face-profil.
Dans ce tableau, Picasso déforme le réel. Il allonge un cou, agrandit une main ou un genou, déplace et réoriente les yeux.
Les déformations accentuent l'expressivité symbolique des personnages. Cela permet à Picasso de renforcer ce qu’il veut montrer : la souffrance d’un peuple face aux horreurs de la guerre.

Circulation du regard: L’œil est amené vers le centre plus clair du tableau. Tous les personnages regardent vers la gauche, vers le taureau. Ce dernier observe le spectateur. Cette œuvre se lit de droite à gauche, à l’inverse du sens normal de lecture. Il est aussi renversé que le monde qu’il représente.

Description des éléments sur la toile:
Le cheval blessé est la pièce maîtresse du tableau. Il symbolise le peuple et la liberté mourante. La douleur est exprimée par la langue pointue. La lance qui le transperce rappelle celle qui blesse la poitrine du Christ, symbole de souffrance et d’agonie. De plus ses violentes contorsions traduisent une immense frayeur.
La lampe située en haut de la scène constitue un œil divin ou l’œil de l’artiste ? En tous cas il observe, c’est un témoin du drame.



Le taureau symbolise la force brute, la cruauté. L’iconographie tauromachique est fréquente dans l’œuvre de Picasso.
 
L’oiseau à peine visible entre le cheval et le taureau pourrait être une colombe, symbole d'espoir et de paix.
 
La femme qui tient son enfant mort dans ses bras, évoque vraisemblablement une pietà, figure de la Vierge pleurant la mort du Christ. La douleur et les hurlements de la mère sont visibles, les yeux et les narines ont des formes de larmes, la langue pointue sort de la bouche hurlante. Le visage, à la fois de face et de profil, est basculé vers le haut, la mère hurle au ciel sa détresse. L'enfant dans ses bras a les yeux vides, la tête et les bras ballants.

Le soldat mort git, démembré, dans le bas du tableau, sa tête et un bras sont coupés. Il porte toute la violence et la cruauté de la guerre. Sa main est encore refermée sur une épée brisée (symbole de paix). De cette main sort une fleur, symbole d’espoir et de renaissance.

La femme tombant dans les flammes a les yeux en larmes et la bouche édentée. Elle exprime la mort d’un peuple désarmé la lâcheté et le bombardement (bombes incendiaires).
     
En bas, à droite une femme se traîne, un genou presque à terre. Tout son corps, mais surtout son visage et son cou démesuré sont entièrement tendus vers la lampe.
D’une maison, une femme surgit vers la gauche et vers le centre de la composition. Elle semble sortir de la ville détruite, en brandissant une lampe placée vers le centre de la composition. Son visage et son regard sont bienveillants. Cette petite lampe pourrait être un flambeau, symbole d’espoir.

  b) Que cherche à dénoncer Picasso ?:
"La peinture n'est pas faite pour décorer les appartements; c’est une arme offensive et défensive contre l’ennemi", c'est ce que déclara Picasso à propos de Guernica. Picasso, à travers ce tableau, symbolise l'horreur des conflits humains. Même si un événement précis est à l'origine du tableau, Guernica évoque toutes les guerres, passées et à venir.

  c) Notre avis:
Cette œuvre bouleversante témoigne de l’histoire de l’Espagne et plus généralement de l’Europe. Ce n’est pas une œuvre décorative et une étude est nécessaire afin d’apprécier ce tableau. Pour nous, cette toile joue le rôle d’un mémorial. Il ne faut pas oublier afin de ne pas recommencer.
On est touché par la détresse de ces personnages, par l’horreur de cette scène. Personne ne peut rester insensible. Cette œuvre dérange, elle nous frappe de stupéfaction. Cependant, elle nous instruit et nous plonge dans les affres d’une époque.
Elle nous permet aussi de mieux comprendre l’évolution du travail d’un artiste, de mieux comprendre son œuvre et par là de mieux comprendre les travaux de certains artistes. Les œuvres ne sont pas nécessairement décoratives mais divulguent des messages, dénoncent.
Elle nous a permis d’appréhender l’œuvre de Picasso, sa manière de peindre. Nous avons compris que la déformation des personnages permet d’accentuer des symboles. Le peintre ne peint plus ce qu’il voit mais ce qu’il ressent, ce qu’il veut faire ressentir.

Conclusion:
Cette œuvre dénonce le massacre d’innocents par les Nationalistes aidés des nazis. L’œuvre dégage une sensation d’horreur. Par la déformation des personnages, Picasso cherche à amplifier les expressions. Le noir et blanc servent à la dramatisation de la scène. Picasso utilise une caractéristique propre au style cubiste : la représentation simultanée face/profil, il fragmente l’espace au maximum afin d’amplifier l’idée de désordre. Malgré tout cela, Picasso laisse émaner de cette œuvre quelques symboles d’espoir.

travail écrit par Martin Froelicher et Bilal Ghaoui (3èmeC).

Mercredi 26 Juin 2013
Marc Jourdan