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Dimanche 5 Mai 2024
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Mike Horn: «L’homme devrait se souvenir qu’il a besoin de la terre»

Entretien du Figaro du 21/10/2020



Mike Horn: «L’homme devrait se souvenir qu’il a besoin de la terre»
Mike Horn est un explorateur originaire d’Afrique du Sud. Premier homme à avoir traversé intégralement l’Antarctique en solitaire, il est célèbre pour mener des expéditions de l’extrême depuis trente ans, passant parfois au bord de la catastrophe. Il a publié des récits de ses aventures. Aujourd’hui défenseur de l’environnement, il témoigne de la transformation de l’océan Arctique où s’accélère la fonte des glaciers. Il s’emploie à sensibiliser à la fragilité des écosystèmes et à faire évoluer les comportements.
 
LE FIGARO. - Vous dites qu’il faut changer petit à petit nos habitudes pour aller vers des modes de vie plus durables. Comment consommer et produire différemment?
 
Mike HORN. -La crise du Covid a permis de se rendre compte que c’était possible. Depuis quelques mois, on voyage moins, on achète ce qui est nécessaire. Et on continue à vivre de manière confortable. Consommer était devenu une habitude. Nous sommes à un moment charnière où nous devons nous interroger sur la manière dont on peut vivre, laquelle doit se situer entre nos anciennes habitudes et celles que le confinement nous a imposées. Ce n’est finalement pas compliqué de voyager un peu plus localement, de consommer localement. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne doit plus aller douze mois par an, en voiture, acheter des oranges emballées dans du plastique! Ce sont des habitudes à changer qui ont un impact énorme. Il faut ensuite évidemment davantage investir dans les énergies plus durables, dans la voiture électrique à hydrogène. Et, surtout, arrêter de raisonner en termes de prix, de dire que la transition coûte trop cher. Parce que ce sont la planète et ses ressources qui ont le plus de valeur.
 
 
Êtes-vous inquiets pour les ressources de cette planète que vous parcourez depuis trente ans?
 
Naturellement! Avec la consommation que l’on a aujourd’hui, il faut presque deux fois la taille de notre terre pour assurer des ressources à toutes les populations du monde. Dans les régions polaires, on voit l’impact énorme du réchauffement de notre climat. J’étais cette année à Spitzberg, en Norvège, où il n’avait jamais fait aussi chaud. J’ai été marqué par la fonte des glaces, bien plus avancée que lors de ma précédente expédition, en 2006: la glace, qui faisait 2,50 mètres d’épaisseur autrefois au pôle Nord, faisait, cette fois-ci, cinq centimètres! Chaque seconde, il y a l’équivalent de sept piscines olympiques de glaciers qui fondent. Si on perd la masse de glace du pôle Nord, on ne peut plus refroidir la planète. On voit aussi l’effet du réchauffement de notre planète à travers les comportements des animaux: dans l’Arctique, on a enregistré les chants de baleines avant le Covid et après. On a vu des différences sur la manière dont les baleines communiquent entre elles car la chasse aux baleines s’est arrêtée pendant trois mois. Et puis, quand l’homme n’est plus en harmonie avec la nature, il devient stressé. Et ça, on le voit à Paris ou dans les grandes capitales. La chasse à l’argent détériore les comportements des gens. Il faut vraiment être conscient que ce ne sont pas nos terres qui changent, c’est l’homme. Il devrait se souvenir qu’il a besoin de la terre. Comment fera-t-on quand elle ne nous donnera plus de ressources?
 
 
Nos gouvernants en font-ils assez pour protéger notre planète?
 
Il ne faut pas qu’on attende les gouvernements pour prendre des décisions que nous pourrions déjà prendre. D’autre part, ils n’exploitent pas assez la jeune génération. C’est la plus grande source d’énergie inutilisée de notre planète. Le problème, c’est qu’ils sont enfermés dans des jeux politiciens et qu’on a du mal à avoir confiance en leur parole. C’est difficile pour eux, parce qu’ils veulent plaire à tout le monde. Du coup, tout le monde râle - particulièrement les Français! -, et on ne sait pas bien où on va.

 
Vous avez participé, il y a peu, au LH Forum, organisé par l’Institut de l’économie positive, à un débat sur «Un monde positif». Quels sont les contours, selon vous, de ce monde positif?
 
Il faut être heureux avec soi-même. C’est la motivation la plus inspirante, celle qui fait avancer dans le bon sens.

 
Ce qui ne vous empêche pas, pendant vos expéditions, d’avoir peur?
 
J’ai tout le temps peur (en août dernier, Mike Horn et son acolyte Fred Roux sont tombés dans les eaux glaciales de l’Arctique lorsqu’un iceberg sur lequel ils grimpaient s’est soudainement renversé, NDLR). Mais ça devient ma zone de confiance. J’ai besoin de savoir de quoi je suis capable. En ce moment particulier de crise du Covid, les gens ont peur. Ils ont peur de mourir, ils ont peur de perdre quelqu’un. Il faut arrêter de penser que le Covid, c’est la fin du monde. Il faut l’accepter, prendre ses précautions et continuer de vivre. C’est un moment où l’on peut, et où il faut, vivre différemment. Sinon, on est des vivants morts… La vie est belle, même quand il fait moins 30 degrés, que tes doigts sont gelés et que tu n’as plus rien à manger!

 
Le dépassement de soi, justement, est-il assez développé dans nos sociétés?
 
De moins en moins. On veut vivre pour protéger nos existences, plus ou moins confortables. Tout ce que l’on ne connaît pas, ou que l’on ne maîtrise pas, effraie. Mais comment se dépasser si on a peur de l’inconnu? Comment progresser?

 
Quel est votre prochain projet?
 
Passer quelques jours à la maison… et repartir en Patagonie.

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