Le territoire de l’Agriate s’étend sur 15 000 hectares dont environ 5 000 appartiennent aux communes (Santu Petru di Tenda, San Gavinu di Tenda, Saint Florent et Palasca, et) et près de 5700 ha ont été acquis par le Conservatoire en bordure littorale depuis 1979. Ce vaste espace est bien délimité géographiquement : au nord, 37 km de rivages naturels sans aucune urbanisation, au sud, la route départementale n° 81 et les contreforts du Tenda, à l'ouest, la vallée de l'Ostriconi, à l'est, la ville de Saint Florent et la plaine du Nebbiu.
Le rivage présente un aspect varié. On y distingue un grand nombre d'anses, de baies, de pointes rocheuses et plusieurs plages dont les principales sont celles de Saleccia et du Lotu à l'est, de Ghignu et de l’Ostriconi à l'ouest. Le point culminant de l’Agriate est la Cima d'Ifana (499 m) mais le massif qui se détache le plus est le Monte Ghjenuva (421 m).
On observe également des formations dunaires (Ostriconi), des cordons littoraux barrant l'embouchure de rivières, et créant ainsi des zones humides plus ou moins saumâtres en arrière (Ghignu, Saleccia, Lotu…)
Cette immensité de maquis méditerranéen et de rochers -improprement dénommée "désert"- conserve de nombreux vestiges d'une intense vie agro-pastorale ainsi que différents sites archéologiques, dont les plus remarquables sont datés du Néolithique.
Plan-de-gestion-Agriate.pdf
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Habitats naturels et flore
Différents types de maquis couvrent l’Agriate : les buissons denses d’olivier sauvage et de lentisque poussent dans les secteurs littoraux chauds, les maquis hauts à arbousier, chêne vert et bruyères se développent dans les stations plus fraîches, les maquis bas dominés par les cistes, romarins, lavandes stoechas ou immortelles sur les sols pauvres (sables) et les milieux rocheux.
Tous ces maquis ont été façonnés par les hommes, les troupeaux et les incendies depuis des millénaires.
Les dunes sableuses en arrière des plages (Ostriconi, Saleccia, Lotu…) abritent de beaux peuplements de genévriers oxycèdres à gros fruits, arbre protégé par la loi.
Les pins ne sont pas naturels dans l’Agriate : la pinède de pins d’Alep des dunes de Saleccia a été plantée au 19e siècle.
Les ripisylves constituées essentiellement d'aulnes, de saules et de peupliers apportent une touche de fraîcheur dans cette région d'aspect plutôt aride.
Faune
On observe dans l'Agriate tout le cortège des fauvettes du maquis. Dans les maquis arides et ensoleillés à cistes et genets vit la fauvette sarde ; dès qu'apparaissent les premiers buissons de bruyères ou de lentisques, ce sont les fauvettes pitchou et mélanocéphale ; elles laissent la place aux fauvettes à tête noire et passerinettes dans les maquis frais et boisés où chênes verts et arbousiers atteignent quelques mètres. Faucons pèlerins et un couple de balbuzard fréquentent les falaises maritimes.
Les paillers abandonnés sont souvent occupés par des chauves-souris, petits rhinolophes notamment, ainsi que par des geckos, comme la tarente. Les couleuvres vertes et jaunes et les lézards tiliguerta sont omniprésents, alors que les lézards de Sicile occupent surtout les pelouses autour des paillers. Crapauds verts discoglosses sardes, rainettes sardes et grenouilles de Berger se reproduisent dans les petites collections d’eau. L’euprocte corse, plus rare, est présent dans un torrent.
Des groupes de grands dauphins sont présents toute l’année entre l’Agriate et la Pointe du Cap Corse.
Il y a près de 6500 ans des hommes s'étaient installés sur la Cima di Suarellu près du Monte Revincu. D'ambitieuses fouilles archéologiques ont étudié les vestiges des habitats qu'ils occupaient, ainsi que leurs sépultures, coffres et dolmens. Ces travaux montrent que la Corse a été un foyer précoce du mégalithisme en Méditerranée occidentale.
Jusqu’au début du XXe siècle, une agriculture saisonnière est pratiquée du printemps à l’été par des habitants de la région et de la côte ouest du Cap Corse aux pentes difficilement cultivables, qui traversent la baie de Saint Florent sur les barques de passeurs et s’enfoncent dans les nombreuses vallées pour semer des céréales, planter des oliviers ou les greffer sur des oléastres. De l’automne au printemps ce sont les bergers des hautes montagnes environnantes qui descendent à leur tour pour faire paître leurs troupeaux. Les kilomètres de murs de pierre sèche, les aires de battage des céréales (aghje) et les nombreux paillers (pagliaghj) -petites constructions de pierre au toit recouvert de terre- qui jalonnent le territoire sont les témoins de ces intenses activités agro-pastorales passées.
Au XVIe siècle, pour prévenir les incursions barbaresques, plusieurs tours sont prévues sur le littoral de l’Agriate. La construction de celle de Malfalcu est arrêtée dès le départ par un raid au cours duquel les ouvriers et le maitre maçon sont emmenés en captivité. Une seule tour sera construite, à la Mortella en 1564, complétant le dispositif de surveillance et de défense du Golfe de Saint Florent. Cette grosse tour bâtie au ras de l’eau sera attaquée et en partie détruite par la flotte anglaise de Nelson en 1794. Ses plans serviront de modèles pour édifier les « Martello towers » pour défendre les côtes du Commonwealth.
En contre-haut de la tour, un sémaphore et un phare ont été édifiés, respectivement en 1862 et 1877. Le sémaphore, le dernier de France à avoir conservé son système de signalisation « Dupillon »a été restauré par le Conservatoire en 2015.
Pendant la dernière guerre, le sous-marin Casabianca accoste à plusieurs reprises et notamment en août 1943 sur la plage de Saleccia où 32 tonnes d’armes sont livrées à la résistance. Plus d'informations