Le 30 novembre 1938, l'Italie fasciste prétend annexer Nice, la Savoie,
et la Corse. Le serment de Bastia du 4 décembre 1938 prononcé par
Jean Baptiste Feracci devant 20000 personnes répond à l'Italie en
réaffirmant avec force l'attachement de la Corse à la France et
le rejet de l'irrédentisme (mouvement de revendication) mussolinien : "Face
au monde, de toute notre âme, sur nos gloires, sur nos tombes, sur nos berceaux,
nous jurons de vivre et de mourir français."
Après l'armistice franco-allemand signé le 22 juin 1940, la Corse se trouve en zone libre. Elle le restera jusqu'au 11 novembre 1942, car à cette date, les troupes italiennes envahissent la Corse: 85000 soldats italiens auquel se joindront, en juin 1943, 15000 soldats des troupes allemandes, soit au total une armée de 100 000 hommes pour une population de seulement 215 000 habitants. Un occupant pour deux habitants prennent position dans toute la Corse et réquisitionnent les maisons. Pendant ce temps, les résistants prennent place au sein du Front National (mouvement constitué de communistes, mais aussi de radicaux, de socialistes, de chrétiens, de humanistes...etc, dévoués à la lutte antifasciste.)
Les italiens prennent possession de l'île
Peu à peu et en proie à de grandes difficultés tant matérielles que structurelles, la résistance essaie de s'organiser dès 1941. Celle-ci s'organise en deux réseaux:
Le premier est représenté par la mission secrète de Pearl Harbour arrivé d'Alger le 14 décembre 1942 par le sous-marin Casabianca avec ses premiers agents: Toussaint et Pierre Griffi, Laurent Preziosi, et leur chef de mission Roger de Saule. Ils assureront la coordination politique des différents groupes de résistance qui se fonderont dans le front National (avec notamment ses premiers responsables: Arthur Giovoni, Jean Nicoli, Jules Mondolini, André Giusti, et Dominique Luchini dit Ribellu).
Le soulèvement de la population contre les Italiens le 8 septembre 1943, fera de la Corse le premier département français libéré, le même jour un ultimatum a été envoyé par le commandant Colonna d'Istria au général Magli, commandant des troupes d'occupation italiennes en Corse, le sommant de choisir son camp. Ce dernier, après quelques hésitations, choisira définitivement le camp des alliés à partir du 11 septembre de la même année. Ajaccio et Sartène furent les premières villes à s'être libérées. Le 4 octobre 1943, Bastia est à son tour libérée et les derniers occupants sont enfin chassés de l'île. Le 5 octobre 1943, la Corse est officiellement libérée après le soulèvement de la population, et l'action conjointe des patriotes Corses, des Italiens, et des éléments de l'armée d'Afrique, et sans interventions des anglo-américains. Ce sont 12 000 Corses qui ont participés aux combats pour la libération de l'île, et beaucoup en furent victime. La libération coûta la vie à plus de deux mille deux cents personnes :
La libération de la Corse fut combinée par la Résistance intérieur Corse, animée principalement par le Front National, appuyée par des troupes débarquées du sous-marin Casabianca, échappé au sabordage de la flotte de Toulon pour rejoindre les français libres.
Libérée par la seule action des patriotes et des forces françaises libres, l'île deviendra en 1944 une base importante, surnommée USS Corsica, le «porte-avion», pour la poursuite des opérations en Italie, puis pour le débarquement en Provence en août 1944.
Portrait d'un résistant Corse: Jean Nicoli
Il est né à San Gavino di Carbini (Corse) le premier septembre 1899, il appartient à une famille de commerçants. Après avoir reçu son premier poste d'instituteur à Sorio puis à Sainte Lucie de Porto Vechio entre 1922 et 1923, il part pour le Sénégal en 1923 où il restera jusqu'en 1935. Durant les douze années passées au Sénégal, il s'est intéressé aux problèmes psychologiques et pédagogiques. Au cours de l'été 1935, Jean Nicoli revient en Corse mais il n'y reste que quelques mois, car il part pour Paris, c'est là qu'il adhère au parti socialiste. En 1936, il revient sur son île natale (Corse), où il va exercer le poste de directeur d'école à Propriano, puis à Olmetto. Lorsque la guerre éclate en septembre 1939, Jean Nicoli est mobilisé dans le Génie, puis on l'envoie à Rodez (sud-ouest de la France), où il est démobilisé à partir de juin 1940. Quand il fut revenu à Casalabriva (Corse du Sud), il se livre à des actions de propagande anti-pétainistes (contre Pétain): il sillonne les Sartenais et prend des contacts avec ceux qui, comme lui, veulent poursuivre la lutte et résister à l'occupant. Trois jours après l'arrivée des troupes italiennes en Corse, Jean Nicoli est contacté par Nonce Banielli, l'un des dirigeants du Front National, et il entre dans la clandestinité. Un peu plus tard, il part à Marseille en compagnie d'Arthur Giovoni, et c'est à cette époque qu'il adhère au parti communiste. Le 6 février 1943, il prend la responsabilité en tant que chef militaire de la première réception d'armes (450 mitraillettes et 60 000 cartouches) emmenés par le sous-marin Casabianca dans la baie d'Arone (ouest de la Corse). Il part le même jour avec André Giusti dans une camionnette a double fond et parviennent à livrer aux partisans de Sainte-Marie-Siche et Petreto-Bicchisano un important stock d'armes. A la mort de Louis Frediani abattu par une sentinelle (soldat de garde) italienne, c'est Jean Nicoli qui, accompagné de Joseph Pancrazi, a la délicate mission d'annoncer la nouvelle à la veuve, et de lui remettre, au nom de la résistance Corse, un secours financier. Au début du mois de juin, il accueille une nouvelle fois le sous-marin Casabianca, dans la propriété de Dominique Poli, à Solenzara. Le 18 juin, au lendemain de la fusillade de la brasserie Nouvelle à Ajaccio, Nicoli vient se recueillir sur la dépouille d'André Giusti, et rend une ultime visite à Jules Mondolini, qui succombera quelques temps plus tard de ses blessures. Neuf jours plus tard, le 27 juin 1943, à la suite d'une série de trahisons, Jean Nicoli est arrêté par les agents de l'OVRA (organisation de la vigilance et de la répression de l'antifascisme), dans la demeure de Jacques Bonafedi, chez lequel il étudie en compagnie de Jérôme Santarelli, la carte de la région des Agriates où le Casabianca devait livrer des armes dans les tout premiers jours du mois de juillet. L'ultime tentative Pascal Nicolai pour les prévenir sera vaine. Seuls quelques documents d'importance ont été sauvés. Jean Nicoli a été transféré à la caserne Battesti d'Ajaccio il restera deux mois avant d'être conduit à Bastia par camion. Son procès a eu lieu le 28 août 1943. Jean Nicoli a été condamné à mort, mais il refuse d'être fusillé dans le dos (comme l'indiquait son procès), il dit à ses bourreaux: «Vous n'avez pas le courage de me regarder dans les yeux...Vous êtes des lâches!», il est alors sauvagement frappé à coups de crosse, et décapité à coups de poignard le 30 août 1943 par les chemises noires.
Avant que les bourreaux ne viennent le chercher pour l'assassiner ainsi, Jean Nicoli a écrit une lettre destinée à ses enfants le 30 août 1943 vers 3 heures du matin. Francette, sa fille, a précieusement gardé cette lettre griffonnée à la hâte sur l’emballage d'un paquet de "bleues" : des cigarettes.
Jean Nicoli et sa fille Francette (1937)
"La Corse n'est pas à vendre La Corse n'est pas à donner La Corse de Sampiero La Corse de Paoli et des Cinarchesi ne s'est donnée qu'ue fois : elle s'est donnée à la France" |
Les italiens ne sont pas les bienvenus
Après l'armistice franco-allemand signé le 22 juin 1940, la Corse se trouve en zone libre. Elle le restera jusqu'au 11 novembre 1942, car à cette date, les troupes italiennes envahissent la Corse: 85000 soldats italiens auquel se joindront, en juin 1943, 15000 soldats des troupes allemandes, soit au total une armée de 100 000 hommes pour une population de seulement 215 000 habitants. Un occupant pour deux habitants prennent position dans toute la Corse et réquisitionnent les maisons. Pendant ce temps, les résistants prennent place au sein du Front National (mouvement constitué de communistes, mais aussi de radicaux, de socialistes, de chrétiens, de humanistes...etc, dévoués à la lutte antifasciste.)
Les italiens prennent possession de l'île
Peu à peu et en proie à de grandes difficultés tant matérielles que structurelles, la résistance essaie de s'organiser dès 1941. Celle-ci s'organise en deux réseaux:
Le premier est représenté par la mission secrète de Pearl Harbour arrivé d'Alger le 14 décembre 1942 par le sous-marin Casabianca avec ses premiers agents: Toussaint et Pierre Griffi, Laurent Preziosi, et leur chef de mission Roger de Saule. Ils assureront la coordination politique des différents groupes de résistance qui se fonderont dans le front National (avec notamment ses premiers responsables: Arthur Giovoni, Jean Nicoli, Jules Mondolini, André Giusti, et Dominique Luchini dit Ribellu).
Le deuxième réseau est R2 Corse, qui est en liaison avec les
français libre du général de Gaulle et dirigé par
Fred Scamaroni. Dans sa tentative vaine d'unification des mouvements à
son arrivée en janvier 1943, il sera capturé, torturé et
se suicidera le 19 mars 1943 pour ne pas parler. A partir de décembre 1942, la résistance est aidée depuis Alger: de l'armement est acheminé par parachutage et par les missions du sous-marin Casabianca dirigé par le commandant Jean l'herminier. Des attentats et des coups de mains contre les Italiens engendrent des arrestations et des exécutions (Jules Mondolini, Jean Nicoli, Pierre Griffi) et de nombreux autres courageux. De toute part sortent des Corses armés prêts à affronter l'occupant, les actions et les parachutages d'armes se multiplient. La plupart des héros de la résistance seront torturés ou exécutés par les fascistes. |
En Corse 1 homme sur 20 sera un résistant. |
Le soulèvement de la population contre les Italiens le 8 septembre 1943, fera de la Corse le premier département français libéré, le même jour un ultimatum a été envoyé par le commandant Colonna d'Istria au général Magli, commandant des troupes d'occupation italiennes en Corse, le sommant de choisir son camp. Ce dernier, après quelques hésitations, choisira définitivement le camp des alliés à partir du 11 septembre de la même année. Ajaccio et Sartène furent les premières villes à s'être libérées. Le 4 octobre 1943, Bastia est à son tour libérée et les derniers occupants sont enfin chassés de l'île. Le 5 octobre 1943, la Corse est officiellement libérée après le soulèvement de la population, et l'action conjointe des patriotes Corses, des Italiens, et des éléments de l'armée d'Afrique, et sans interventions des anglo-américains. Ce sont 12 000 Corses qui ont participés aux combats pour la libération de l'île, et beaucoup en furent victime. La libération coûta la vie à plus de deux mille deux cents personnes :
• 87 militaires venus d'Alger • 172 patriotes Corses • 200 victimes des bombardements dont 170 à Bastia • 637 italiens, un millier d'allemands • 137 victimes du torpillage du «Général-Bonaparte» le 19 mai 1943, entre Ajaccio et Nice ; s'y ajouteront autant de blessés (240 militaires venus d'Alger, 300 patriotes, 300 par les bombardements, 600 italiens, 500 allemands). |
La libération de la Corse fut combinée par la Résistance intérieur Corse, animée principalement par le Front National, appuyée par des troupes débarquées du sous-marin Casabianca, échappé au sabordage de la flotte de Toulon pour rejoindre les français libres.
Libérée par la seule action des patriotes et des forces françaises libres, l'île deviendra en 1944 une base importante, surnommée USS Corsica, le «porte-avion», pour la poursuite des opérations en Italie, puis pour le débarquement en Provence en août 1944.
Portrait d'un résistant Corse: Jean Nicoli
Il est né à San Gavino di Carbini (Corse) le premier septembre 1899, il appartient à une famille de commerçants. Après avoir reçu son premier poste d'instituteur à Sorio puis à Sainte Lucie de Porto Vechio entre 1922 et 1923, il part pour le Sénégal en 1923 où il restera jusqu'en 1935. Durant les douze années passées au Sénégal, il s'est intéressé aux problèmes psychologiques et pédagogiques. Au cours de l'été 1935, Jean Nicoli revient en Corse mais il n'y reste que quelques mois, car il part pour Paris, c'est là qu'il adhère au parti socialiste. En 1936, il revient sur son île natale (Corse), où il va exercer le poste de directeur d'école à Propriano, puis à Olmetto. Lorsque la guerre éclate en septembre 1939, Jean Nicoli est mobilisé dans le Génie, puis on l'envoie à Rodez (sud-ouest de la France), où il est démobilisé à partir de juin 1940. Quand il fut revenu à Casalabriva (Corse du Sud), il se livre à des actions de propagande anti-pétainistes (contre Pétain): il sillonne les Sartenais et prend des contacts avec ceux qui, comme lui, veulent poursuivre la lutte et résister à l'occupant. Trois jours après l'arrivée des troupes italiennes en Corse, Jean Nicoli est contacté par Nonce Banielli, l'un des dirigeants du Front National, et il entre dans la clandestinité. Un peu plus tard, il part à Marseille en compagnie d'Arthur Giovoni, et c'est à cette époque qu'il adhère au parti communiste. Le 6 février 1943, il prend la responsabilité en tant que chef militaire de la première réception d'armes (450 mitraillettes et 60 000 cartouches) emmenés par le sous-marin Casabianca dans la baie d'Arone (ouest de la Corse). Il part le même jour avec André Giusti dans une camionnette a double fond et parviennent à livrer aux partisans de Sainte-Marie-Siche et Petreto-Bicchisano un important stock d'armes. A la mort de Louis Frediani abattu par une sentinelle (soldat de garde) italienne, c'est Jean Nicoli qui, accompagné de Joseph Pancrazi, a la délicate mission d'annoncer la nouvelle à la veuve, et de lui remettre, au nom de la résistance Corse, un secours financier. Au début du mois de juin, il accueille une nouvelle fois le sous-marin Casabianca, dans la propriété de Dominique Poli, à Solenzara. Le 18 juin, au lendemain de la fusillade de la brasserie Nouvelle à Ajaccio, Nicoli vient se recueillir sur la dépouille d'André Giusti, et rend une ultime visite à Jules Mondolini, qui succombera quelques temps plus tard de ses blessures. Neuf jours plus tard, le 27 juin 1943, à la suite d'une série de trahisons, Jean Nicoli est arrêté par les agents de l'OVRA (organisation de la vigilance et de la répression de l'antifascisme), dans la demeure de Jacques Bonafedi, chez lequel il étudie en compagnie de Jérôme Santarelli, la carte de la région des Agriates où le Casabianca devait livrer des armes dans les tout premiers jours du mois de juillet. L'ultime tentative Pascal Nicolai pour les prévenir sera vaine. Seuls quelques documents d'importance ont été sauvés. Jean Nicoli a été transféré à la caserne Battesti d'Ajaccio il restera deux mois avant d'être conduit à Bastia par camion. Son procès a eu lieu le 28 août 1943. Jean Nicoli a été condamné à mort, mais il refuse d'être fusillé dans le dos (comme l'indiquait son procès), il dit à ses bourreaux: «Vous n'avez pas le courage de me regarder dans les yeux...Vous êtes des lâches!», il est alors sauvagement frappé à coups de crosse, et décapité à coups de poignard le 30 août 1943 par les chemises noires.
Avant que les bourreaux ne viennent le chercher pour l'assassiner ainsi, Jean Nicoli a écrit une lettre destinée à ses enfants le 30 août 1943 vers 3 heures du matin. Francette, sa fille, a précieusement gardé cette lettre griffonnée à la hâte sur l’emballage d'un paquet de "bleues" : des cigarettes.
Jean Nicoli et sa fille Francette (1937)
article écrit par Rouchhi Omar (3èmeC).